Donkey

7 août 1996

Notre voyage commence à l'aéroport d'Ajaccio. A mon arrivée de Paris, je fus heureux de constater que mes amis Philippe et Frédérique, venus de Marseille, m'attendaient. Nous avons un long palmarès de rendez-vous manqués, aussi fus-je soulagé que nous ayons réussi celui-ci!

Un bus nous déposa a la gare et nous attendîmes le Train Bleu. Ce train, le seul de Corse à peu près, devait nous amener d'Ajaccio à Vizzavona. Ajaccio est une agglomération assez urbanisée, semée de grands immeubles et parcourue de larges routes, sans intérêt particulier, aussi nous décidâmes que le meilleur moyen de tuer le temps en attendant le train serait de prendre un verre au bar de la gare.

Le train était bondé et nous eûmes du mal à caser nos gros sacs à dos. Ce n'est qu'après le départ que nous nous rendîmes compte que rien n'indiquait à l'avance le nom des arrêts... Heureusement, l'arrivée à Vizzavona est reconnaissable grâce au long tunnel qui prend fin juste avant la gare. Vizzavona est un des seuls endroits où la voie est doublée, aussi on y croise souvent le train qui descend vers Ajaccio.

Après avoir mis nos chaussures de marche et rempli nos gourdes, nous partîmes vers le Monte d'Oro. Nous ne voulions pas passer la nuit dans le village, aussi nous avions décidé de marcher quelques heures et de dormir dans la forêt. La carte indiquait quelques sources là-haut, et nous espérions les trouver. Depuis la gare, nous suivîmes le GR20 vers le Col de Vizzavona sur quelques centaines de mètres et passâmes le torrent sur un petit pont. Là, nous trouvâmes le départ du chemin vers le Monte d'Oro, balisé par des taches de peinture jaune.

Après une heure de marche environ, nous constatâmes que la réalité n'avait aucun rapport avec la carte, du moins en ce qui concernait les pistes forestières - probablement parce que de nouvelles pistes avaient été ouvertes par les forestiers. Nous abandonnâmes donc tout espoir de trouver la source indiquée par la carte. Nous eûmes la chance de croiser un petit filet d'eau, et puisque le chemin semblait être le seul espace plat à des kilomètres à la ronde, nous campâmes en travers. Ce chemin n'est pas très fréquenté, et nous comptions nous lever tôt; autrement, cette pratique n'est pas recommandée... Nous eûmes du mal à nous endormir à cause des nombreux insectes attirés par l'eau. S'endormir ne pose pas de problème après une bonne journée d'effort, mais nous n'étions pas assez fatigués cette première nuit. De toute façon, j'étais heureux à l'idée de passer deux semaines au milieu de nulle part - et cela devait se révéler encore plus fou que prévu.

8 août 1996

Nous nous levâmes peu avant le soleil et observâmes le ciel changer progressivement de couleur pendant que nous remballions nos affaires. Pendant quelques moments, l'autre côté de la vallée sembla profiter de la pleine lumière du jour tandis qu'il faisait toujours sombre dans notre camp. Nous eûmes la surprise de voir un marcheur allemand solitaire traverser le bazar que nous avions répandu sur le chemin - il devait avoir quitté le village très tôt.

Des rayons de soleil horizontaux commençaient à percer la forêt lorsque nous partîmes. Une longue journée nous attendait, puisque notre programme était de monter au Monte d'Oro par l'Est puis de redescendre par l'arête Ouest jusqu'au refuge de l'Onda. Il n'y avait pas de temps à perdre. Le temps et le moral étaient excellents, mais les sacs remplis de provisions semblaient bien lourds ce premier jour.

Comme d'habitude, je n'arrivais pas à décider si je devais garder mon appareil photo à la main ou le ranger dans mon sac à dos. Quand je le range, un paysage mirifique se présente aussitôt et me voilà forcé de mettre bas le sac et d'en sortir l'appareil aussi vite que possible; d'un autre côté, lorsque je le porte à la main, la malchance veut en général que plus de rien d'intéressant ne se montre, et me voilà encombré pour rien. Avec les années, j'ai acquis l'art et la manière de jeter le sac à terre, en arracher l'appareil, courir vers le meilleur point de vue, prendre la photo, et remettre tout en place le plus vite possible. Cela me donne l'air d'un fou mais ça fonctionne...

Le chemin du Monte d'Oro est bien balisé et ne pose pas de difficultés. J'en profitai pour essayer mon altimètre, qui s'obstina à me donner des indications fausses. Je me suis rendu compte depuis que ces joujous doivent être recalés souvent et qu'il ne faut pas trop leur accorder de crédit. En gros, il faut sans cesse leur dire où on se trouve, et ne jamais compter sur eux pour l'apprendre... Ils servent tout de même quand on est vraiment perdu, mais leur faire trop confiance est aussi un bon moyen de se perdre!

Le chemin nous amena au pied d'un rocher caractéristique appelé la Cafetière. Puis vint un passage raide appelé la Scala - un nom approprié, puisqu'il ressemblait plus à une échelle qu'à un sentier!

Quand nous atteignîmes finalement le sommet et découvrîmes la vue vers l'Ouest, nous constatâmes que l'horizon était caché par un orage qui s'approchait rapidement. Il était resté invisible jusqu'ici, parce que nous venions de l'Est et qu'il était caché par la masse de la montagne devant nous! Il ne nous parut pas utile de rester sur le plus haut point à des kilomètres à la ronde pendant un orage, aussi nous dévalâmes rapidement une cinquantaine de mètres et nous mîmes à l'abri d'un rocher alors que la pluie commençait.

L'orage se déplaçait rapidement, aussi il ne dura pas longtemps. Nous finissions juste notre déjeûner et ne fûmes pas mécontent de sortir de notre trou: l'eau commençait à dégouliner le long des rochers sous lesquels nous étions couchés. Un soleil timide se montra au-dessus du petit Lac d'Oro pendant que nous descendions l'arête Ouest.

Nous retrouvâmes le GR20 à la Punta Muratello et le suivîmes jusqu'au refuge de l'Onda, sous une brutale averse de grêle. La météo corse est habituellement paradisiaque, mais elle peut être capricieuse, comme dans toute zone montagneuse.

Nous étions assez exténués à notre arrivée au petit camping de l'Onda, et nous nous couchâmes tôt. Malheureusement l'endroit était hérissé de tentes dont les habitants n'étaient pas tous silencieux. Nous devions quitter le GR le lendemain matin et ne le regretterions pas.

L'endroit avait tout de même un côté sympathique, puisque nous pûmes acheter un fromage corse aux bergers. Il était excellent, bien qu'un peu cher. Sec et salé. C'était le début d'une longue quête du meilleur fromage corse...

9 août 1996

Lorsque nous nous éveillâmes, le camp grouillait déjà d'activité; on mangeait, on se lavait, on remballait. La plupart des marcheurs suivaient le GR20, vers le Nord ou vers le Sud. Nous partions vers l'Ouest, vers Pastricciola. L'idée était d'éviter la foule et de se ravitailler au village. Nous passâmes donc la Bocca d'Oreccia et descendîmes la vallée de la rivière Cruzini.

Ce chemin fait partie du Mare a Mare Nord, qui traverse la Corse d'Est en Ouest, et est balisé par des marques oranges. Comme de nombreux chemins corses, il semble avoir été une route importante autrefois: on trouve des murs de soutènement sur certaines portions, et on traverse un village désert à Guarchetta. C'est maintenant un itinéraire agréable et peu fréquenté. Il reste en hauteur, dans la forêt, la plupart du temps, mais s'abaisse à un moment jusqu'à la rivière, permettant aux marcheurs de prendre un bain mérité.

Nous ne trouvâmes aucune source sur le chemin et n'étions pas loin de tomber à court d'eau en arrivant à Chiusa, dans l'après-midi. Il n'y avait aucune fontaine en vue, et nous demandâmes à une habitante s'il y en avait une au village. A notre grande surprise, elle nous offrit aussitôt des verres d'eau avec des glaçons! Quel luxe - nous n'en attendions pas autant. Elle nous montra aussi une source invisible de loin, que nous n'aurions certainement pas trouvée seuls.

Après une courte montée, nous atteignîmes l'Ugnica, où nous pensions acheter de la nourriture et passer la nuit. L'épicerie était fermée, car c'était l'heure de la sieste. Alors que nous nous préparions à passer le temps en dormant, des enfants nous aperçurent et avertirent la propriétaire, qui vint ouvrir le magasin exprès pour nous.

Comme d'habitude, nous ne savions pas où dormir. Dormir dans un village n'est pas facile, car les seuls endroits plats sont habituellement des jardins privés. Nous demandâmes à la propriétaire du magasin si elle connaissait un coin acceptable, et elle nous proposa immédiatement une terrasse dans son propre jardin. Nous fûmes encore une fois agréablement surpris. L'hospitalité corse n'est pas un mythe - le même scénario devait se reproduire dans chaque village.

Nous prîmes un café avec elle. Elle nous parla d'un chandelier d'or offert par Napoléon III à l'église du village. Quand nous demandâmes où il se trouvait, elle nous répondit qu'il avait disparu depuis longtemps - le curé l'avait sûrement vendu...

10 août 1996

Nous partîmes tôt (vers 4h30) et suivîmes la route vers Pastricciola. Une fois là, nous quittâmes la route et retrouvâmes le chemin qui monte vers le col de Messicella. Le jour se levait à peine alors que nous quittions Pastricciola et nous avions du mal à apercevoir les marques de peinture orange; mais c'était là le meilleur moyen de profiter de la fraîcheur matinale pendant la montée.

La fin de l'ascension était rude et c'est le coeur battant que j'atteignis le col. La forêt là-haut regorge de cochons sauvages et de sangliers. Le terrain semblait avoir été bombardé, tant les sangliers l'avaient retourné à la recherche de nourriture. Les sangliers restèrent cependant invisibles; les cochons sont plus faciles à apercevoir, car ils n'ont pas peur de l'homme. Bien qu'on les appelle sauvages, je crois qu'ils ont un propriétaire; mais ils se débrouillent seuls dans la forêt.

Le chemin descend vers Guagno à travers une superbe forêt de châtaigniers. Nous y rencontrâmes le maire de Guagno, qui nous indiqua où trouver de l'eau au village, et nous donna également des instructions pour aller de Guagno à Orto. Le vieux pont, nous dit-il, n'était pas digne de confiance.

Nous achetâmes du ravitaillement à Guagno et partîmes pour Orto. Les deux villages sont séparés par une petite pointe et par la vallée du Fiume Grosso. Depuis la crête de la Punta a u Pirello, nous découvrîmes Orto et nous arrêtâmes pour le déjeûner et une sieste.

Orto semblait tout proche, et était à peine plus haut, mais il fallait pour l'atteindre descendre jusqu'au fleuve, le traverser, et remonter sur l'autre rive. La descente de la colline était intéressante; le chemin zig-zagait à travers un labyrinthe de murs de pierre, et nous aurions eu du mal à nous orienter sans les marques de peinture.

Une fois en bas, nous évitâmes le pont, comme on nous l'avait recommandé. Nous l'aurions fait de toute façon, rien qu'à voir les trous béants dans le tablier! La rivière formait des piscines naturelles et l'eau était étonnament chaude - nous nous baignâmes à loisir. La baignade sous la silhouette du Monte Sant'Eliseo était particulièrement impressionnante.

Nous reprîmes notre chemin vers Orto sans sécher nos vêtements, mais tout avait séché lorsque nous y parvînmes, et la montée nous parut merveilleusement fraîche. Le village est bâti sur une pente très raide; la dénivelée est de presque 100 mètres entre les premières et les dernières maisons. Trouver un coin où dormir semblait encore une fois ardu - nous nous renseignâmes auprès de quelques habitants, et l'un d'eux proposa aussitôt de nous emmener à son "ranch" en voiture. C'était là qu'il parquait habituellement son cheval; heureusement l'animal était absent, et l'enclos nous permit de dormir sans crainte des cochons.

Nous passâmes une partie de la soirée dans le bar très animé, puis nous nous couchâmes tôt, comme toujours. Orto était décidément un endroit fort agréable.

11 août 1996

Deux chemins s'offrent au randonneur au départ d'Orto. L'un va vers Soccia, un village voisin, et est balisé en orange. Le nôtre grimpe vers la Bocca d'Acqua Ciarnente et est balisé en jaune. Il part à proximité des plus hautes maisons du village. Nous gravîmes l'escalier qui conduit au haut du village et stoppâmes au passage pour remplir nos gourdes à la fontaine du haut. L'autre fontaine, située le long de la route au bas du village, n'est pas potable.

Le chemin monte droit à travers une forêt de châtaigniers jusqu'à la crête qui domine Orto. Ceci est typiquement le genre d'ascension qu'il vaut mieux effectuer tôt le matin, c'est-à-dire à l'aube. Si vous êtes surpris là-bas à neuf heures du matin, vous verrez ce dont le soleil corse est capable! Le chemin atteint la crête près d'une croix de béton brisée, rejoint le chemin qui vient de Soccia et conduit ensuite au Lac de Creno. Ce lac, entouré par la forêt, est renommé pour son aspect unique en Corse, et nous étions loin d'être seuls malgré l'heure matinale.

Malheureusement il se mit alors à pleuvoir - le temps n'était pas très typique cet été-là. L'été typique corse est chaud et beau tous les jours, exceptés quelques orages brutaux de temps en temps. Alors que la plupart des gens redescendaient, nous continuâmes. Quelques heures plus tard, la pluie avait cessé et nous atteignions la Bocca d'Acqua Ciarnente, un col dont la particularité est un petit étang situé au rebord même. Derrière le col se trouve le Plateau du Campotile, une large zone plate, étonnament verte et riche. Nous nous installâmes près de la bergerie abandonnée à Lenze; elle dispose d'une bonne source un peu cachée dans les feuillages. Le temps était à nouveau dégagé, mais froid et venteux, et devait le rester pendant les quelques jours à venir. Nous fîmes un saut à la bergerie de Vaccaghia, de l'autre côté du plateau, pour acheter un fromage. La nuit fut excellente, grâce à l'épais tapis d'herbe.

12 août 1996

Nous nous éveillâmes pour découvrir un matin frais et ensoleillé. Nous devions descendre le Tavignano, dont la source était toute proche. Rien de difficile n'était au programme, le chemin étant presque plat. L'imposante pyramide de la Punta Artica dominait le début de notre itinéraire.

Vers midi, nous atteignîmes la Bocca a l'Arinella, sur la crête qui sépare la vallée du Golo de celle du Tavignano. L'endroit n'est pas très intéressant en soi mais offre une belle vue sur Calacuccia, un village assez important doté d'un lac de barrage, et sur les sommets les plus impressionnants de Corse: la Paglia Orba, les Cinque Frati, le Monte Cintu, le Capu Verdatu, le Capu Biancu.

La Paglia Orba est ma montagne préférée. Très impressionnante, elle n'est facilement accessible que par le Sud. Les autres faces sont des murs rocheux de 500 mètres de hauteur. Elle est faite d'un très beau rocher rouge et le panorama du sommet est superbe - la mer semble si proche qu'on croirait pouvoir la toucher. Ce jour-là cependant, la montagne était sombre et intimidante.

Nous aurions pu descendre directement vers Calacuccia, mais nous avions prévu une variante intéressante: suivre la crête vers l'Est jusqu'au Pinerole, un petit sommet peu distinct, méconnu mais offrant un panorama superbe. Depuis le col de l'Arinella, nous suivîmes d'abord la route vers l'Est, de façon à éviter de gravir le Capu di a Vorba. Cette route conduit à la bergerie de Conia, qui était notre but, mais n'est pas intéressante. Nous la quittâmes donc rapidement et grimpâmes à travers la forêt, vers la bergerie de Vorba. Nous trouvâmes un sentier cairné qui y menait. Le berger dormait dans la cabane. Nous bûmes à l'excellente source.

De là, nous suivîmes la crête vers l'Est. Il n'y a aucun chemin mais la progression est facile, et la vue superbe. A la Bocca di Conia, nous infléchîmes notre route vers la droite, en suivant un sentier fraîchement défriché, et atteignîmes la bergerie de Conia. Elle était inhabitée, mais depuis peu; elle contenait encore un matériel divers, y compris une vingtaine de miches de pain qui semblaient vieilles d'un an. Nous trouvâmes même des matelas pour la nuit.

13 août 1996

Depuis Conia, nous atteignîmes rapidement la Bocca a Canaghia, et suivîmes la crête jusqu'au sommet du Pinerole. Le soleil apparaissait à peine à l'horizon lorsque nous y parvînmes. Le vent était terrible et le temps très dégagé, à l'exception d'un étrange nuage plat qui masquait le sommet de la Paglia Orba. Devant la Paglia, les Cinque Frati, les Cinq Moines, étaient bien visibles.

Le Monte Cinto, le plus haut sommet de Corse, était également bien en vue devant nous, ainsi que la route qui monte de Calacuccia vers le vallon de l'Ercu et permet de monter au Cinto dans la journée.

La suite de cette journée fut très intéressante. Nous devions descendre le Pinerole vers Calacuccia. Ce fut délicat. D'abord, nous devions atteindre la bergerie de Ciaretta. Ce n'était pas très difficile, car la bergerie était visible du sommet, mais on devait choisir son chemin avec soin. Le terrain était rocailleux, avec des buissons d'aulnes par-ci par-là, qu'il fallait éviter car ils sont pour ainsi dire impénétrables. La bergerie était manifestement toujours habitée, mais le berger resta invisible.

La deuxième partie de la descente était plus difficile. Après avoir quitté la bergerie, nous entrâmes dans la forêt, et du coup nous ne pouvions plus voir notre objectif. Il n'y avait pas l'ombre d'un sentier; heureusement des cairns espacés nous aidèrent à trouver notre chemin. Nous les perdîmes et les retrouvâmes plusieurs fois de suite. Au bout d'un certain temps, nous atteignîmes le point où le chemin passe de la rive gauche à la rive droite du ruisseau de Pruniccio. Là nous nous aperçûmes que nous avions oublié la carte lors du dernier arrêt, 100 mètres plus haut! Nous courûmes la rechercher, en espérant ne pas nous perdre avant de l'avoir retrouvée. Quelques cairns que nous avions construits pendant la descente nous aidèrent à retrouver notre chemin... nous ne pensions pas être récompensés si vite de les avoir créés! Nous retrouvâmes notre carte et revînmes au ruisseau. Dorénavant nous fîmes attention à ne rien laisser derrière nous... Après cet aller-retour nous commencions à bien connaître cette forêt! En fait le terrain est facile et on peut se déplacer sans difficulté - le seul problème est de savoir où aller.

La troisième partie de la descente fut la plus douleureuse. Le chemin quitta la forêt et entra dans une zone couverte de buissons épineux. Le sentier avait manifestement été abandonné il y a bien longtemps. Il était difficile à suivre et on ne pouvait éviter les épines. Après plusieurs heures de progression à travers les buissons, notre moral était plutôt bas et notre peau réagissait au moindre toucher! Heureusement il y avait aussi des ronces dans le tas, et nous passâmes un certain temps à manger des mûres. Assis dans une mer d'épines sous un soleil de plomb, on se sent vraiment loin de la civilisation, même quand la route n'est qu'à quelques kilomètres!

Nous atteignîmes finalement la nationale dans la Scala de Santa Regina et la suivîmes jusqu'à Calacuccia. Marcher le long de la route n'est pas agréable. Il y a aussi des sentiers, mais celui que nous essayâmes était boueux, encombré de ronces, et pour couronner le tout, quelques vaches le bloquaient. Je ne sais pas comment nous en sommes sortis, mais nous jurâmes qu'on ne nous y reprendrait plus. Je ne recommanderais ces chemins à personne.

Il y a quelques auberges de jeunesse à Calacuccia. Celle où nous descendîmes n'était pas particulièrement recommandable, mais une douche chaude était ce que nous pouvions souhaiter de mieux après pareille journée - sans parler d'une glace dégustée sur une terrasse ensoleillée. Nous fîmes la connaissance d'un routard Niçois sympathique qui nous recommanda un restaurant "mythique" à Olmi Cappella. Nous décidâmes d'y faire un tour plus tard, et mangeâmes ce soir-là dans un excellent restaurant à Sidossi.

14 août 1996

Ce devait être notre journée de repos. Nous avions prévu de marcher de Calacuccia à Corscia, un petit village perché sur la colline au-dessus de la Scala di Santa Regina. Il existe un chemin qui y mène depuis Calacuccia, mais nous y avions peur d'y trouver encore des épines, aussi nous empruntâmes la route. Il faisait particulièrement chaud sur le bitume! Nous aurions aimé nous baigner dans le lac de Calacuccia, mais les gens du coin nous avertirent que l'eau n'était pas saine.

Notre but était la Bocca di Serra Piana, l'un des quelques points de passage entre le Niolo et l'Asco, mais puisque nous avions prévu une journée courte, nous devions dormir quelque part au dessus de Corscia. La carte indiquait plusieurs sources sur le chemin, cela semblait donc possible.

La colline derrière Corscia était un labyrinthe! Elle était couverte de murets et de cabanes de pierre, et il n'était pas facile de deviner quel était le bon chemin pour Serra Piana. Nous demandâmes à quelques vieux qui firent de grands efforts pour tout nous expliquer en détail. Je dois dire, cependant, que quelques minutes après les avoir quittés, nous étions à nouveau perdus. Nous décidâmes donc de couper à travers tout en suivant grosso modo la bonne direction. Cela marcha; nous trouvâmes le bon chemin sur la première crête au-dessus de Corscia.

Nous découvrîmes la première source, comme prévu, en haut du ruisseau de Cruma. L'endroit était agréable, mais la source avait été transformée en un trou boueux par les vaches, aussi nous décidâmes de continuer. Il nous restait largement assez de temps. La colline était superbe, avec très peu de végétation mais de nombreux rochers aux formes torturées, et une lumière merveilleuse.

Le chemin disparut et nous nous amusâmes à le rechercher. Heureusement, le terrain était aisé car il avait brûlé récemment, et on trouvait quelques cairns. Je ne sais pas qui a inventé le cairn et si on les utilise ailleurs dans le monde. En tout cas ils sont répandus dans les montagnes d'Europe. Ce sont de petits tas de cailloux, reconnaissables car manifestement artificiels, que l'on utilise pour indiquer le chemin. Etrangement, le mot "cairn" lui-même semble inconnu en Corse; les habitants les appellent simplement monticules de cailloux. On en voit un sur cette photo.

La source suivante, la Funtana di Callaiola, était excellente mais située sur une pente raide où personne n'aurait pu dormir, aussi nous continuâmes. A partir de là, le chemin redevenait excellent, avec des murs de soutènement en pierre. Il avait manifestement été une importante route de communication entre le Niolo et l'Asco. La troisième fontaine, Funtana di Gradia, était à sec, aussi nous nous retrouvâmes finalement à Caracuto, une solide bergerie bâtie près d'un torrent. Il n'y avait pas de source, aussi nous bûmes l'eau du torrent, additionnée d'une pilule par gourde. Nous avions marché beaucoup plus loin que prévu pour un jour de repos, mais c'était finalement une bonne chose - cela nous permettrait de faire le Capu Biancu sans nous presser.

15 août 1996

Le réveil pendant une randonnée est toujours une expérience curieuse. Au lieu de votre chambre à coucher habituelle, vous constatez que vous êtes étendu dans une cabane de pierre, qu'il est cinq heures du matin et qu'il fait froid. Sortir du sac de couchage demande du courage! Mais une fois levé, les choses deviennent plus faciles. Nous partîmes tôt et assistâmes à un superbe lever de soleil.

Nous atteignîmes la bergerie de Menta, non loin de la Bocca di Serra Piana. Il y a une source non loin au Nord-Est des bâtiments, cachée entre les buissons. Nous eûmes du mal à la trouver! Nous fûmes induits en erreur par la carte, qui indique la source de l'autre côté de la bergerie, et par un filet d'eau qui coulait sur le sol et que nous essayâmes de remonter sans succès.

L'endroit était agréable. Un grand cerisier y poussait, probablement amené par l'homme, et la bergerie était constituée de plusieurs bâtiments, malheureusement tous en ruine.

Il n'y avait pas de chemin jusqu'au col, mais la montée était facile et nous y parvînmes vers 9 heures du matin. Nous étions seuls, comme toujours, mais le 15 août était l'ouverture de la chasse, et nous entendîmes des coups de feu et des aboiements plus bas dans la vallée.

Puisque nous avions fait plus de chemin que prévu la veille, nous décidâmes de ne pas descendre tout de suite du côté Nord. Au lieu de cela, nous allions grimper jusqu'au Capu Biancu en suivant la crête vers l'Ouest. Il n'était pas nécessaire d'y hisser tout notre équipement, aussi nous cachâmes nos sacs à dos sous des rochers et ne gardâmes qu'un peu de nourriture, d'eau et quelques objets indispensables.

Le chemin vers le Capu Biancu n'est pas très bien balisé, mais cela ne pose pas de problème: il suffit de suivre la crête. Le sommet offre un panorama intéressant: le Capu Verdatu, le Monte Cinto, la station de ski du haut Asco, et la mer à l'Ouest; le Monte Padro, au Nord, est caché par le sommet jumeau du Capu Biancu, mais le village d'Asco est visible; le col de Serra Piana, d'où nous venions, à l'Est. Monter au Capu Biancu ne présente pas de difficultés mais demande habituellement deux jours, aussi nous étions entièrement seuls. A la jumelle, on apercevait une véritable foule au sommet du Monte Cinto!

Depuis le Capu Biancu, nous observâmes la Bocca di Serra Piana avec attention. La pente Nord du col est d'une sympathique couleur vert sombre et ne paraît pas particulièrement intimidante. Cependant, elle est en fait couverte d'aulnes. Ces petits arbres ne sont nullement dangereux, mais leurs branches forment une masse inextricable qui rend la progression très difficile et réduit la visibilité à quelques mètres. Une fois engagé, en sortir peut être un défi. Aucun chemin n'était visible à travers les aulnes, que ce soit depuis le sommet ou depuis le col lui-même. Après être revenus au col, nous décidâmes qu'il serait plus sûr d'attendre le lendemain avant de tenter la descente, de façon à avoir du temps devant nous.

Nous redescendîmes donc à la Menta et nous étendîmes pour une sieste. Nous étions entourés de quelques vaches (les animaux livrés à eux-mêmes sont monnaie courante en Corse) et un taureau qui semblait pleurer. Les mouches bourdonnaient. Tout était calme.

Après le dîner, nous nous préparâmes pour la nuit. La bergerie étant en ruine, nous dormîmes à l'extérieur. Il y avait une zone plate entourée d'un enclos qui avait dû servir à enfermer les bêtes; nous nous en servîmes, au contraire, pour les garder dehors. La nuit fut fraîche et parfaitement calme.

16 août 1996

Après un petit déjeûner rapide, nous montâmes une nouvelle fois au col et cherchâmes le meilleur moyen de descendre de l'autre côté. Il n'y avait aucun chemin et la pente était couverte d'aulnes. Du côté Est se trouvait un corridor rocheux plutôt dégagé, mais il était très raide et semblait dangereux. Nous décidâmes finalement de passer droit à travers les aulnes. De gros rochers en émergaient à intervalles réguliers, et nous espérions pouvoir faire le point en montant sur chacun d'eux.

Les aulnes formaient un véritable labyrinthe. On n'y voyait pas à plus de cinq mètres, et il était impossible d'avancer en ligne droite à cause des longues branches qui barraient le passage. Heureusement, ces arbres ne sont pas épineux, et c'était en fait plutôt amusant. Nous n'étions pas entièrement seuls; par moments on voyait des feuilles bouger et on entendait grogner des cochons, mais ils demeurèrent invisibles. Nous sifflotions l'air de "Mission : Impossible"; notre mission, que nous avions acceptée, était de sortir de là!

Nous trouvâmes un cairn en plein milieu des aulnes, complètement invisible au-delà de quelques mètres de distance. Je suppose qu'il y avait là un chemin autrefois, recouvert aujourd'hui par la végétation. Nous étions assez fiers de cette découverte! Nous continuâmes, et bientôt les aulnes disparaissaient pour céder la place à un mauvais terrain érodé. Nous passâmes à la bergerie de Cabane, une masure solitaire abandonnée. De là, le chemin suivait grosso modo le torrent, mais restait très difficile à trouver, et chaque nouveau cairn découvert était une victoire!

Plus bas dans la vallée se trouvaient quelques constructions en ruine qui avaient un jour formé le village de Murcella. Nous y déjeunâmes. Un groupe d'adolescents passa à proximité; ils étaient les premiers humains que nous ayons vus depuis Corscia... A partir de là, le chemin réapparut et nous le suivîmes aisément jusqu'à la rivière Asco, près du village du même nom. Un vieux pont génois enjambait la rivière. Nous pensions nous baigner à cet endroit, mais nous n'étions malheureusement pas seuls, car une route y mène également! Une courte marche le long du torrent nous permit de découvrir un coin plus calme, près d'un moulin en ruine.

Nous gravîmes la route jusqu'au village et nous préoccupâmes une nouvelle fois de trouver de la nourriture et un abri pour la nuit. Il n'y a pas de magasins à Asco; les marchands viennent chaque jour en camionnnette. Nous eûmes la chance de tomber sur un marchand de fruits ambulant. Nous essayâmes de dîner au restaurant, mais il était complet. Nous mourions de faim, et le propriétaire accepta de nous vendre un saucisson et un excellent pain à prix d'ami.

Il nous restait à trouver de l'eau et un endroit où passer la nuit. Nous rencontrâmes deux femmes qui nous indiquèrent la fontaine. Une belle fontaine ancienne, mais bien cachée! La plus âgée des deux femmes était d'une famille de bergers et nous parla de son pays avec fierté. Elle nous parla d'un groupe d'alpinistes renommés qui étaient morts pour avoir sous-estimé la montagne corse. On les avait trouvés gelés dans le massif du Cinto, un morceau de fromage à la main. "Ce n'est pas de la montagne à vaches", nous dit-elle. Elle avait raison: les montagnes corses peuvent être aussi imprévisibles que celles du contient...

Il n'y avait aucun endroit convenable pour dormir, excepté des jardins en terrasse abandonnés, qui étaient les seuls endroits plats. Les deux femmes nous encouragèrent à nous en approprier un, bien qu'il s'agisse de propriétés privées. Nous en choisîmes un et y passâmes la nuit, ni vus ni connus...

17 août 1996

Nous quittâmes Asco vers la Bocca di Laggiarello, un autre ancien grand col. Le point du départ du chemin fut facile à trouver; il se trouve dans l'épingle à cheveux non loin après la sortie du village. Ce chemin avait manifestement été une route il y a quelques générations (probablement la route principale pour Olmi-Cappella). Il était large et bien pavé, jusqu'à la cabane en ruine de Sant'Angelo.

De là, on voyait en se retournant la Bocca di Sierra Piana, que nous avions quittée la veille, et la crête qui menait de Serra Piana au Capu Biancu.

A Sant'Angelo, le chemin disparut subitement et nous nous trouvâmes à nouveau au milieu de buissons épineux. Le col se découpait clairement sur le ciel au-dessus de nous, donc il était impossible de se perdre, mais il nous fallut du courage pour l'atteindre à travers les épines. Bien qu'il ne fût que 9 heures du matin, le soleil tapait déjà dur. Nous atteignîmes la crête avec anxiété, espérant que l'autre côté serait plus agréable. Il était en fait tout aussi malaisé: les buissons semblaient plus épais que jamais, et le chemin restait invisible. Cela était d'autant plus gênant que notre destination n'était plus clairement visible.

Nous continuâmes, utilisant la carte et l'altimètre pour tenter de suivre l'itinéraire prévu. Nous découvrîmes un appareil photo qui devait avoir été perdu là 25 ans auparavant, à en juger par son aspect. Etait-ce là bon ou mauvais signe? Quoiqu'il en fût, nous eûmes la chance de trouver un soupçon de chemin et quelques cairns qui semblaient aller dans la bonne direction. Ils nous menèrent à un bouquet d'arbres sous lesquels nous fîmes une bonne sieste.

Après avoir traversé le ruisseau du Monte Padro, nous atteignîmes quelques fermes. De là, une piste carrossable descendait vers la vallée. Elle était facile à suivre, quoiqu'un peu ennuyeuse, mais la journée avait été dure et nous fûmes heureux de pouvoir marcher sans réfléchir. Nous arrivâmes enfin à la Maison Forestière de Tartagine-Melaja à la fin de l'après-midi et nous baîgnames dans le torrent.

Nous y passâmes la nuit. La fontaine était à sec, aussi nous bûmes au torrent, en ajoutant quelques pilules. La nuit fut calme, excepté quelques étranges bruits animaux qui inquiétèrent profondément mon esprit endormi. Des chauves-souris, des sangliers? Mon imagination me faisait craindre le pire. Entortillé dans un sac de couchage au beau milieu d'une forêt, on se sent bien sans défense!

18 août 1996

Nous suivîmes la route sur quelques kilomètres. Elle nous mena de la vallée de Tartagine à celle de Melaja. Arrivés au torrent de Melaja, nous la quittâmes et grimpâmes dans la forêt en suivant une large piste forestière. Il y en fait là deux pistes; la nouvelle est excellente pour les voitures, mais longue et morne pour les marcheurs. L'ancienne est en partie bloquée et beaucoup plus étroite, mais aussi beaucoup plus sympathique. Nous la suivîmes.

La piste atteignit le haut de la forêt et stoppa. Nous remplîmes nos gourdes à une source abondante. Nous étions à présent à découvert. Nos nouveaux objectifs étaient la Bocca di Pozzi, le col qui ferme la vallée, et le Monte Grosso, un sommet renommé. Nous rencontrâmes un groupe de chasseurs de sanglier qui nous indiquèrent le chemin. Il était bien balisé par des cairns. Nous n'aimions pas trop l'idée de nous promener au milieu d'une chasse au sanglier, mais heureusement celle-ci se terminait juste; nous croisâmes un autre groupe qui descendait en traînant une laie abattue.

Le soleil bouillait tandis que nous grimpions vers le col. Malheureusement, les nuages apparurent précisément comme nous l'atteignions, et nous décidâmes de ne pas faire le Monte Grosso. Le panorama serait caché de toute façon, et il nous restait un long chemin à faire. Nous étions déçu par ce nouveau tour de la météo - l'été n'avait pas été typique du tout.

Nous descendîmes donc de l'autre côté, vers Calenzana. Cette fois, le chemin avait totalement disparu, et le terrain était mauvais. Nous skiâmes: le sol s'effondrait sous chaque pas et il était plus facile de courir d'un geste ample que de marcher. Nous devions tout de même stopper régulièrement pour nous orienter, car la pente était raide et nous avions peur de rencontrer des barres rocheuses. Heureusement, nous découvrîmes un chemin balisé en rouge qui fut d'une grande aide - l'endroit était un chaos.

Une forêt avait existé sur ces pentes, mais elle avait presque entièrement brûlé. Un paysan devait nous apprendre plus tard qu'un incendie avait fait rage trois ans auparavant. En trois ans, peu de chose avait repoussé; l'atmosphère était toujours lunaire. Le contraste avec l'autre côté du col était frappant! C'est pourquoi les feux de camp sont interdits en Corse; utilisez un camping gaz.

Après une pause auprès d'une source, nous reprîmes la descente. Le chemin se séparait en plusieurs nouvelles traces et nous dûmes faire des choix. Heureusement notre but, la piste forestière au fond de la vallée, était clairement visible devant nous. Au loin, on apercevait Calvi, perchée sur sa colline au bord de la mer.

Nous atteignîmes enfin la piste et la suivîmes sur quelques kilomètres, jusqu'à un groupe de maisons espacées. Nous y trouvâmes de l'eau et un endroit sympathique pour passer la nuit. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous avions dîné et nous étions prêts à dormir. Malgré l'échec au Monte Grosso, nous avions marché 11 heures.

August 19th, 1996

Au matin, nous nous aperçûmes que nous étions tout près de Calenzana; vingt minutes plus tard, nous atteignions le village et prenions le petit déjeûner à la terrasse d'un café. Calenzana est un village de taille moyenne assez sympathique. Cependant, c'était la plus grande agglomération que nous ayons rencontré depuis Calacuccia, et nous eûmes l'impression en un quart d'heure de passer de la montagne à une métropole!

Le voyage était terminé. Il nous restait trois jours avant de devoir prendre l'avion, aussi nous fîmes du stop jusqu'à l'aéroport et y louâmes une voiture. Nous avions l'intention de faire un peu de tourisme classique, et en particulier d'essayer quelques restaurants...

Nous roulâmes jusqu'à Saint-Florent, une ville plutôt chic sur la côte Nord, et y passâmes la nuit, après un dîner agréable dans un restaurant de poissons, "La Gaffe".

20 août 1996

Durant la matinée, nous visitâmes un village proche nommé Murato. Un village très agréable, avec de vieilles maisons, quelques belles églises, et un nombre étonnant de magasins pour un village de cette taille. Il semblait très vivant.

Nous passâmes l'après-midi sur une plage près de Saint-Florent - quel ennui. Je savais déjà que ne pouvais pas supporter deux semaines de bronzette; je m'aperçus que quelques heures étaient déjà une torture!

Le soir, nous essayâmes un excellent restaurant, "Pietra Moneta", situé à la fonction de la N1197 et de la D81. Puis nous roulâmes jusqu'à l'embouchure de l'Ostriconi et passâmes la nuit sur la plage. Nous eûmes la surprise de ne pas être seuls, mais il y avait largement assez de place pour tout le monde.

21 août 1996

Puisque le farniente était si ennuyeux, nous décidâmes de faire un peu de randonnée. Nous fîmes donc un tour dans le Désert des Agriates, une vaste zone déserte au bord de la mer. Il n'y a là-bas ni eau ni routes, et donc peu de touristes! Mais c'est un endroit remarquable, où poussent une végétation inhabituelle, par exemple des cactus. De plus, un sentier peu fréquenté nous amena à une plage déserte. L'eau était chaude et claire et fourmillait de vie sous-marine. Ce désert se prêterait bien aux excursions en vélo aussi.

Nous retournâmes à la plage de l'Ostriconi et prîmes un dernier bain de mer sous le soleil du soir. On apercevait le rocher de l'Ile-Rousse au loin. Nous savions que nous serions de retour à Paris le lendemain et ne voulions pas sortir... Mais il restait quelque chose à attendre de la Corse: le dîner!

En retournant à la voiture, nous passâmes près de quelques vieilles constructions. Certaines avaient été restaurées et étaient habitées. D'autres étaient vides - de simples cubes de pierre. Elles avaient un petit air mexicain.

Nous allâmes à Olmi-Cappella et dînâmes au restaurant La Tornade. On nous avait parlé de cet endroit comme d'un mythe; c'en était un. Soupe, trois hors d'oeuvre, trois viandes avec six plats de légumes, le fromage le plus agressif de toute la Corse (il était carrément douloureux!) et dessert... Après avoir quitté ce lieu fort recommendable, nous nous effondrâmes dans nos sacs de couchage. La nuit fut en fait terrible, car un orage d'apocalypse nous força à la finir recroquevillés dans la voiture, mais je garde un tendre souvenir de cette soirée...

22 août 1996

Après une rapide visite de Calvi, nous nous envolâmes vers le continent, les yeux pleins de souvenirs. Quelques heures suffirent pour se retrouver chez soi. Mes Macs m'attendaient comme deux chiens fidèles... prêts à écouter mes souvenirs, que voilà!